mardi 9 mars 2010

Pour une politique économique ambitieuse en Bretagne

Tribune libre à Yves Pelle, 1er adjoint d’Erquy
Candidat Parti Breton sur la liste « Nous te ferons Bretagne »


La crise qui sévit depuis 2008 a malmené beaucoup de secteurs économiques en Bretagne, bâtiment, travaux publics, automobile, agriculture, pêche…avec son cortège de disparitions d’entreprises, et de chômage. Malheureusement elle a aussi servi de révélateur de certaines faiblesses structurelles de notre économie : Absence d’anticipation des mutations, faiblesse des structures financières des entreprises, internationalisation peu engagée, industries de première transformation à faible valeur ajoutée, potentiel d’innovation insuffisant ...

La Région, qui depuis la loi d’aout 2004 « coordonne les actions de développement économique des collectivités territoriales et leurs groupements » n’a pas été à la hauteur de ce rôle en Bretagne. Prenons quelques simples illustrations :

L’innovation représente 1,64% du Produit intérieur brut (PIB), loin de l’objectif de 3% donné par l’Union Européenne à Lisbonne, situant la Bretagne seulement au 66eme rang des régions européennes ;
Les exportations des entreprises bretonnes ne représentent qu’un peu plus de 2% du total français, et nous placent à la modeste 15eme place des régions, sans progrès notable depuis plusieurs années ;
Le PIB par habitant nous situe au 139eme rang des régions européennes, ce qui nous place sous la moyenne de l’Europe, et en retrait sensible depuis 2002 ;

Ainsi force est de constater que les résultats sont bien décevants et surtout, peu encourageants pour l’avenir. La majorité sortante n’a pas pris la mesure de cet enjeu pour l’avenir de la Bretagne et on comprend qu’avec des résultats si peu flatteurs elle reste discrète sur ce sujet. Son opposition reste quant à elle fidèle à un modèle jacobin à bout de souffle.

Pour notre part, nous refusons cette double fatalité et proposons d’agir énergiquement sur plusieurs leviers :

- S’appuyer sur l’autonomie nouvellement acquise des universités bretonnes pour contractualiser sur des projets de recherche stratégiques à échelle de 5 à 10 ans : Les énergies vertes, les techniques agronomiques durables, les télécommunications, la biotechnologie.. ;

- Conduire une politique beaucoup plus ambitieuse de renforcement des fonds propres des PME/PMI pour leur donner la taille critique européenne ;

- Concentrer les programmes d’aide publique sur les entreprises disposant de centres de décision en Bretagne, notamment dans les pôles de compétitivité , et sur les PME en croissance;

- Redéfinir une politique d’internationalisation accélérée de l’économie bretonne, aujourd’hui diluée entre des acteurs qui au mieux s’ignorent, voire se concurrencent : Bretagne International et chambres consulaires.

- Réunifier la Bretagne pour faire levier sur les complémentarités de compétences évidentes des grandes villes et des bassins industriels bretons : Brest, Rennes, Nantes-Saint Nazaire, Lorient, Sant Brieuc, sur des thèmes comme les biotechnologies, le génie logiciel, les énergies marines...

- Redéfinir les priorités de la formation professionnelle, principal poste budgétaire de la Région, pour anticiper les mutations technologiques et ainsi mieux garantir la pérennité des emplois en Bretagne. ;

- Affirmer le leadership de la Région en matière de développement économique, et accroitre ses compétences pour éviter les dispersions actuelles, source de gâchis et d’émiettement d’une action inefficace entre départements, communes, groupements de communes ;

Comme le montre la récente étude de l’économiste Nicolas Bouzou (« Renforcer le rôle économique des régions »), les Régions sont le pivot du développement économique, surtout en période de crise où l’action au plus près de la réalité locale est la plus efficace. Elle montre aussi que la très faible décentralisation en France, selon le BAK Basel Economics, constitue un frein déterminant en privant cette action de moyens comparables aux grandes régions européennes. Nous partageons cette analyse et sommes convaincus que les petits pays ou les régions à forte identité ont un avantage décisif, notamment en matière de réactivité et d’agilité. Ainsi une autre étude internationale récente de Thomson Reuters sur l’excellence scientifique situe la France au 15eme rang, loin derrière la Suisse, le Danemark, l’Ecosse, la Finlande ou Israël.

Il manque en Bretagne une volonté politique d’émancipation du modèle néojacobin français qui montre pourtant toutes ses limites. L’Etat devenu impécunieux ne peut plus guère faire illusion et soutient l’économie uniquement grâce à un recours accru à un endettement qui sera très lourd de conséquences. Nous croyons qu’une autre politique est possible. Nous devons porter cette ambition pour la Bretagne, celle d’un souffle retrouvé.

Yves Pelle
1er adjoint d’Erquy
Candidat Parti Breton sur la liste « Nous te ferons Bretagne »

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